Généralement l’épave est invisible sous le sable, mais cette année nous sommes gâtés car les épaves se découvrent. J’avais entendu parlé de l’épave mais impossible de la trouver, et grâce à un concours de circonstances, j’ai eu le point GPS. Bien entendu cette épave n’est pas la plus belle de Corse, mais c’est un P-51 Mustang et pour le moment le seul que je connaisse en Corse. La petite histoire du P51 Mustang de l’Isolella :
Nous sommes le 5 juillet 1944. C’est un mercredi. C’est la quatrième mission du sous-lieutenant Donald – « Don » – Taylor, qui a rejoint en mars 1944 le 309th Fighter Squadron, appartenant au 31st Fighter Group, rattaché à la 15e armée de l’air US, celle qui opère sur le « théâtre méditerranéen des opérations »
A 400 pieds, son moteur l’a lâché. Impossible de savoir pourquoi.
Au sol, un témoin parlera de grandes flammes sortant des pipes d’échappement.
Le pilote ne les a pas vues. Pas le temps. Pas assez d’altitude non plus pour sauter en parachute. Un bref moment de panique, et puis les procédures d’urgence. Il va falloir poser le bolide sur l’eauLe pilote largue la verrière, les réservoirs supplémentaires aussi sans doute. Il « saute » une presqu’île, c’est l’Isolella, dont il rase le toit des premières maisons, et très vite c’est le choc. Violent. L’avion rebondit, tourne par deux fois sur lui-même avant de s’enfoncer dans les flots. Secoué, ensanglanté parce qu’il s’est fracassé la tête sur son collimateur, le jeune homme se débat, déjà englouti, aspiré avec son avion. Il gonfle sa « Mae West », agrippe le dinghy qui jusque là se contentait de lui servir de coussin dans le cockpit, parvient à en déclencher la bouteille d’oxygène, puis à se hisser dessus. Il est à un mile de la côte, deux peut-être.